PHOTOS 1 Combattant varié. Mâles nuptiaux: indépendant (à gauche) et satellite (à droite)/ Ruff Calidris pugnas Nuptial males: independent (on the left) and satellite (on the right) {Pays-Bas, 22.03.2009,
Le Combattant varié Calidris pugnas est une espèce polygyne, sans formation de lien durable entre partenaires (VAN G1Ls et al., 2020). L’accouplement a lieu principalement au sein de « leks », sortes d’arènes où les mâles se rassemblent pour parader. Ils s’y accouplent avec un maximum de femelles ; celles-ci assumeront seules l’élevage des jeunes (VAN G1Ls et al., 2020) Ce type de comportement reproducteur se retrouve chez d’autres espèces, notamment les tétras.
Cependant, chez le Combattant varié, les interactions sont complexes et plusieurs stratégies de reproduction s’observent chez le mâle. Fait extraordinaire, ces stratégies ne sont ni dictées par les circonstances ni par des choix individuels, mais reposent uniquement sur l’héritage génétique (KüPPERet al., 2016) En effet, un super gène, composé de 125 gènes situés sur le chromosome 11, s’exprime selon des alternatives divergentes et conduit à l’expression d’un type de plumage particulier et aux comportements qui lui sont associés (KüPPER et al., 2016). Quatre types de mâles se distinguent ainsi :
- Les mâles indépendants (Photo 1 à gauche) possèdent un petit territoire de parade Uukema & Piersma, 2006). Ils arborent une impressionnante collerette foncée ainsi que des oreillettes qu’ils érigent lors des parades Il existe parmi eux une diversité du plumage qui permet la reconnaissance individuelle. Grâce à elle, les mâles territoriaux sont capables de se souvenir des voisins qu’ils ont affrontés et évitent leur territoire. Cela réduit la violence à des attaques rituelles ou à des combats très courts. Ils représenteraient 29 % de la population et réaliseraient 88 % des accouplements.
- Les mâles satellites (Photo 1 à droite) ne possèdent pas de territoire propre. Ils s’associent à un mâle indépendant, leur présence augmentant l’attractivité de ce dernier envers les femelles. Les mâles satellites possèdent aussi une collerette et des oreillettes, mais celles-ci sont de couleur blanche Cette signalisation du plumage, combinée avec des postures particulières, signale leur statut aux détenteurs de territoires évitant les comportements agressifs de leur part Le surcroît de femelles attirées par l’association d’un mâle dominant avec un mâle satellite va permettre à ces derniers de s’accoupler occasionnellement avec l’une d’elles. Mais comment cette stratégie a-t-elle pu perdurer, puisque qu’elle ne permet que de rares accouplements Tout simplement par une longévité supérieure à celle des mâles indépendants. En effet, ceux-ci doivent défendre leur territoire dans des combats fréquents et épuisants, ce qui induit une mortalité précoce. Les mâles satellites représenteraient 19 % de la population et réaliseraient 10 % des accouplements.
.Les marginaux, sans territoire, demeurent autours des leks : ils regardent et apprennent de leurs aînés Ils n’ont pas encore l’expérience nécessaire pour s’imposer sur les leks. Ils représentent 52 % de la population et accompliraient 2 % des accouplements.
- La dernière catégorie de mâles présente un plumage proche de celui des femelles (Photo 2). Ils n’ont été découverts que récemment UuKEMA & P1rnsMA, 2006). Ils sont rares et se mélangent aux femelles grâce à un plumage leur ressemblant Ils« trichent» ainsi et parviennent à se reproduire également. Mais à ce jour on ignore leur pourcentage qu’ils représentent au sein de la population (les pourcentages précédents seraient donc à revoir en fonction de cette information).
AVES59/3 – 2022 131