Les chasseurs réclament une aide financière pour changer leur fusil

« CAPITAL (le journal) »

Avec l’interdiction d’utiliser des munitions en plomb, qui s’appliquera à compter de la mi-février 2023 à moins de 100 mètres d’une zone humide, les chasseurs demandent une aide financière pour racheter de nouveaux fusils.

La mesure est censée autant protéger l’environnement que les chasseurs : les munitions en plomb, utilisées pendant des décennies, seront interdites à compter de la mi-février à moins de 100 mètres de toute zone humide, permanente ou temporaire. La règle, édictée par un règlement européen publié en 2021, sera sanctionnée, en cas de non-respect, d’une amende de 135 euros. De quoi agacer fortement les principaux intéressés, qui réclament une aide financière pour remplacer leur fusil, rapporte Le Parisien, jeudi 8 septembre. Car même si l’utilisation des munitions en plomb était déjà restreinte, avec l’interdiction de tir avec du plomb à moins de 30 mètres d’un plan d’eau depuis 2006, elle n’était pas forcément appliquée à la lettre.

La raison ? Les cartouches en acier, censées remplacer celles en plomb parce que moins nocives pour l’environnement et pour l’homme, sont malaimées des chasseurs. L’année dernière, l’un d’entre eux expliquait, à nos confrères du Chasseur français, sa réticence à tirer avec des « grenailles d’acier », seulement conservées dans la poche en cas de contrôle. « J’ai essayé, mais ça ne vaut rien, ça blesse et c’est tout », témoignait ce dernier.

Entre 650 à 975 millions d’euros pour remplacer les armes de chasse, selon la FNC

Les alternatives aux munitions de plomb seraient plus chères, moins efficaces et surtout incompatibles avec les fusils non éprouvés billes d’acier, plaident les principaux intéressés. Autrement dit : exit les fusils des grands-parents, il faudrait soit transformer, soit racheter de nouveaux fusils pour respecter la nouvelle réglementation. En sachant qu’une arme coûte en moyenne « entre 1.000 et 1.500 euros », la Fédération nationale des chasseurs (FNC) demande une participation de l’État pour remplacer ces dernières. « Au plan national, le coût de remplacement des armes de chasse est estimé entre 650 millions et 975 millions d’euros », écrit la FNC sur son site.

La demande relève de l’indécence, estime de son côté Allain Bougrain-Dubourg, le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), interrogé par nos confrères du Parisien. « Les chasseurs pourraient faire preuve de maturité et de responsabilité. Ils touchent déjà des aides pour adapter leurs pratiques », tacle-t-il. Depuis des années, la législation tente de mettre fin à la présence de plomb dans l’environnement, un métal toxique pour la faune et la flore.

 

Environnement, oiseaux, grand gibier et hommes contaminés

Outre les 127 millions d’oiseaux qui seraient, chaque année, menacés d’empoisonnement au plomb en ingérant les billes de grenaille, selon une évaluation de l’Agence des produits chimiques de l’UE de 2021, la présence de plomb dans les cartouches pèserait aussi, à l’échelle des 27, sur le développement neurologique d’un million d’enfants, menacé par la consommation de gibier, la viande étant contaminée par la grenaille.