Cette araignée adapte son venin aux attaques qu’elle subit

Des araignées qui font évoluer leur venin selon leur âge ou les conditions environnementales dans lesquelles elles évoluent, les chercheurs en avaient déjà vues. Mais qui s’adaptent instantanément aux attaques qu’elles subissent, jamais. C’est désormais chose faite avec une araignée australienne de la famille des mygales, au comportement intriguant.

L’araignée Hadronyche valida, de la famille des mygales, adapterait la composition de son venin en fonction des attaques qu’elle subit.

David Wilson

A chaque araignée, son venin, adapté à sa proie ? Ce serait trop simple ! Des scientifiques australiens viennent en effet de découvrir qu’une espèce, considérée parmi les plus dangereuses au monde, serait capable de changer la composition de son venin selon les situations auxquelles elle est confrontée. C’est la conclusion d’une étude menée par le docteur Linda Hernandez Duran, à l’institut australien de santé et de médecine tropicale de l’Université James Cook en Australie.

Une seule espèce de mygale semble pouvoir modifier ainsi son venin

Cette araignée, Hadronyche valida, appartient à une famille de mygales, les Atracidae, que l’on ne rencontre qu’en Australie. Et la capacité à modifier son venin semble lui être propre : les scientifiques l’ont cherché sans succès chez trois espèces proches (Hadronyche infensa, Hadronyche cerberea et Atrax robustus). « Nous avons analysé leur comportement et mesuré leur fréquence cardiaque par laser afin d’évaluer leur activité métabolique, a raconté Hernandez DuranNous avons ensuite collecté leur venin et l’avons analysé à l’aide d’un spectromètre de masse. » Conclusion : seule la composition du venin de Hadronyche valida a été modifiée quand les scientifiques ont soumis l’animal à différents stress (petites piqûres avec une pince à épiler, souffle d’air…). Chez cette espèce « la présence de certains composés chimiques dans le venin semble dépendre de l’activité cardiaque et de la réaction à une agression » confirme la chercheuse.

Est-ce que l’animal devient plus dangereux pour autant ? Trop tôt pour le dire, les modifications chimiques précises du venin devant encore être précisées. « Les venins sont tous différents chez les différentes espèces d’araignées et même parfois selon le sexe dans une même espèce, donc on ne peut pas dire qu’un est plus venimeux qu’un autre, précise à Sciences et Avenir Christine Rollard, enseignante et chercheuse au Muséum national d’Histoire naturel de Paris et auteure de près d’une centaine de publications sur les araignées. De plus la toxicité peut aussi varier selon les proies. »

La stratégie de défense n’est pas celle de l’attaque

Pourtant, il n’est pas évident que cette capacité soit une adaptation pour des attaques plus efficaces. « Il est difficile de relier les observations des scientifiques avec le comportement des araignées », déclare Christine Rollard. En effet, dans cette expérience, on ne place les animaux qu’en situation de défense. « Or les araignées peuvent se défendre avec des morsures sèches, c’est-à-dire sans injecter de venin. Elle se servent principalement de leur venin pour attaquer leur proie et s’en nourrir. » En l’occurrence, cette espèce d’Hadronyche se sert d’un piège pour la capture de ses proies, une sorte de toile en nappe prolongée par un entonnoir. L’expérience des chercheurs ne permet pas de dire si le venin est modifié durant une véritable attaque.

Evoluant à la surface de la Terre depuis 300 millions d’années, les araignées sont loin d’avoir révélé toutes leurs adaptations évolutives comme en témoignent également la récente découverte d’espèce qui « entendent avec les jambes » ou de celles qui peuvent rester plus de 30 minutes sous l’eau.

Par Juliette Legros