Grâce au soutien du gouvernement, le texte prévoit de réautoriser par décret des néonicotinoïdes interdits depuis 2016 pour leur toxicité avérée sur les écosystèmes. – Flickr / CC BY-NC-ND 2.0 / Bernard Ruelle
« C’est un jour sombre pour la transition agroécologique » : pour Générations futures, le 28 janvier restera dans les annales de la régression écologique. En cause : l’adoption par le Sénat de la proposition de loi de Laurent Duplomb.
Grâce au soutien du gouvernement, le texte prévoit de réautoriser par décret des néonicotinoïdes (l’acétamipride et le flupyradifurone), interdits depuis 2016 pour leur toxicité avérée sur les écosystèmes. « Ces insecticides sont un danger pour l’ensemble du vivant », a plaidé l’Union nationale pour l’apiculture française. Le syndicat estime que depuis la mise sur le marché de ces produits, « environ 300 000 ruches ont péri chaque année, soit une augmentation des mortalités de 25 % ».
À l’inverse, une dizaine d’organisations agricoles (notamment arboricoles) se sont félicitées de cette adoption. C’est « une première étape », qui devrait « rendre aux agriculteurs français les mêmes moyens de protection des cultures que leurs concurrents européens ». Les agriculteurs dénonçaient le fait que les néonicotinoïdes interdits en France ne le soient pas au niveau européen.
Épandage par drones
La proposition de loi entend également faciliter l’épandage par drones des produits phytosanitaires — une technique controversée également portée par le député Jean-Luc Fugit —, d’assouplir les procédures relatives à l’implantation de mégabassines et d’élevages industriels, ou encore d’affaiblir l’indépendance de l’Anses, l’agence sanitaire nationale.
« En moins de vingt-quatre heures, le Sénat et l’Assemblée Nationale ont ouvert la boîte de Pandore des mesures climaticides, a analysé la journaliste Lauren Boudard, du média Climax. L’objectif de ces mesures est clair : maintenir coûte que coûte un modèle agricole chimiquement intensif, et dézinguer une à une les normes environnementales considérées comme des “obstacles” au développement économique. »
Reste à savoir si le gouvernement accèdera à la demande des promoteurs de la proposition Duplomb, qui demande une inscription rapide du texte à l’agenda de l’Assemblée nationale, ou s’il laissera traîner l’affaire.