La population de cette espèce est estimée à 624 individus adultes contre 580 un an auparavant, soit une progression de 7 %.
Le Monde avec AFP
Le loup gris, éradiqué en France par l’homme, a fait son retour en 1992 en provenance d’Italie et étend petit à petit son territoire. GARY KRAMER / AP
La population de loups gris progresse en France, mais à un rythme plus lent, a annoncé, vendredi 9 juillet, l’Office français de la biodiversité (OFB) à l’Agence France-Presse (AFP), avec un niveau d’attaques élevé contre les troupeaux.
Au sortir de l’hiver 2020-2021, la population de cette espèce est estimée à 624 individus adultes contre 580 un an auparavant, soit une progression de 7 %, a précisé Nicolas Jean, chargé du suivi des grands prédateurs à l’OFB. En 2020, la progression avait été de 9 % et encore plus marquée les années précédentes. « Il y a un tassement de l’accroissement de l’effectif de population » de cette espèce protégée en France et en Europe, mais « il ne faut pas être alarmiste », a-t-il commenté.
Les explications sont multiples : « Une des plus probables est l’impact des tirs car on prélève 20 % de l’effectif » des loups, a souligné Nicolas Jean, un pourcentage qui comprend les tirs officiels pour protéger les troupeaux mais aussi les actes de braconnage, ce à quoi s’ajoutent les morts dues à des maladies et aux collisions avec des voitures.
Le loup gris, éradiqué en France par l’homme, a fait son retour en 1992 en provenance d’Italie et étend petit à petit son territoire. Si des loups isolés sont observés dans de nouveaux départements, comme en Seine-Maritime (avril 2020), dans l’Aube et la Haute-Marne (automne 2020), sa présence reste concentrée dans les massifs alpins et provençaux. Sept nouvelles meutes ont été identifiées dans le secteur alpin, a fait savoir Nicolas Jean. Le plan national loup prévoyait d’atteindre seulement en 2023 un seuil de 500 individus.
Les éleveurs indemnisés pour leurs animaux tués
« Pour la troisième année (…), les dommages sur troupeaux se stabilisent » mais restent à un niveau élevé, avec environ 3 700 constats d’attaque faits en 2020, une grande partie se concentrant en Auvergne-Rhônes-Alpes, selon la direction régionale de l’environnement d’Auvergne-Rhônes-Alpes.
L’Etat indemnise les éleveurs pour leurs animaux tués, blessés ou disparus lors des attaques, ainsi que les coûts de réparation et le remplacement du matériel endommagé. Les éleveurs doivent en contrepartie mettre en place des mesures de protection (gardiennage par des bergers, chiens de protection, enclos la nuit…).
« De plus en plus d’attaques sont constatées à proximité des bergeries et à quelques kilomètres des centres-villes », s’alarme la Fédération nationale ovine dans un communiqué. « Les moyens de protection proposés par l’Etat » sont « vite obsolètes » et « la multiplication des chiens de protection [est] une nuisance pour le voisinage, un danger pour les randonneurs ». La fédération demande « plus d’interventions des services de l’Etat dans les zones où les loups sont présents, pour les dissuader d’attaquer et leur apprendre à craindre les troupeaux ».
L’Etat commence « à structurer la filière des chiens de protection », souvent des patous ou des bergers d’Anatolie, souligne Nicolas Jean. Presque 5 000 chiens sont financés chaque année.
Pour Patrick Leyrissoux, vice-président de l’association Ferus qui milite pour la cohabitation avec les grands prédateurs, la solution n’est pas de tuer plus de loups gris. « L’efficacité des tirs létaux n’a pas été démontrée au niveau international » pour réduire le niveau de prédation, dit-il. Il plaide pour plus de « contrôles sur le terrain pour savoir si les moyens de protection sont effectivement et correctement mis en place ».
Le Monde avec AFP