Les volailles françaises n’ont plus le droit de sortir en plein air et les rassemblements d’oiseaux domestiques sont interdits. La souche actuelle est virulente et frappe les régions d’élevages avec une vigueur inégalée.
VIRULENCE. Dans son point de la situation sur le front de la grippe aviaire, le ministère de l’Agriculture le reconnaît clairement : « La situation sanitaire au regard de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) en France s’est détériorée depuis le mois d’août et a empiré au cours des dernières semaines« . Le nombre de 100 élevages atteints a été dépassé début décembre 2022. Au total au cours de cette année, 21 millions de poulets et canards, principalement, ont été abattus (soit cependant moins de 3% des 890 millions d’oiseaux d’élevage tués tous les ans en France). 37 pays européens sont actuellement touchés, 2500 foyers ont été répertoriés et près de 50 millions d’animaux détruits. Et rien n’indique que cette épizootie qui s’est déclarée début 2022 en Vendée pour la France va se calmer. Au contraire. « Cette souche H5N1 est très virulente et nous ne sommes plus dans la situation de petites étincelles ponctuelles de la maladie, mais bien dans un incendie qui concerne tout le territoire » prévient François Moutou, docteur vétérinaire qui a longtemps travaillé à l’Anses et est aujourd’hui membre du Conseil scientifique de la ligue de protection des oiseaux (LPO).
La grippe aviaire est apparue pour la première fois en France en février 2006
Jamais le monde n’avait connu un épisode de grippe aviaire aussi fort. Il faut dire que cette maladie virale n’a été repérée que dans les années 1990. Ce virus de la famille des Orthomyxoviridae sont caractérisés par les glycoprotéines baptisées Hémagglutinine (H) et Neuraminidase (N). Les 16 H et les 9 N se combinent et recombinent au fil des mutations, ce qui procure au virus une grande variabilité génétique. La souche H5N1 est la plus connue mais certaines de ses variations sont hautement pathogènes, d’autres non.
La grippe aviaire est originaire d’Asie du sud-est. Elle est apparue pour la première fois en France dans les Dombes (Ain) en février 2006. Provient-elle des oiseaux sauvages ou bien des domestiques ? « Personne ne le sait et il est bien difficile de documenter une transmission virale dans un milieu naturel, reconnaît François Moutou. Ce qui est certain, c’est que les oiseaux sauvages sont des réservoirs naturels de virus dont certains sont à l’origine de la grippe humaine ». Un premier cas de transmission directe de grippe aviaire directement à l’homme a été pour la première fois constaté en 1997 mais les deux maladies sont devenues deux phénomènes différents.
En vingt ans, la grippe aviaire s’est installée partout dans le monde
MIGRATIONS. Depuis une quinzaine d’années maintenant, le secteur avicole vit sous cette nouvelle menace. Les zones de vie des espèces sauvages et leurs couloirs de migration constituent des « zones à risques particuliers ». Mais ces risques particuliers ne constituent une menace que dans les régions où ces zones coïncident avec des régions d’élevage. Ainsi, l’épizootie de grippe aviaire de 2015 a affecté une grande partie du sud-ouest, région où les élevages de canards sont très nombreux. En 2022, c’est principalement la région des Pays de la Loire qui est touchée. Les vétérinaires surveillent donc attentivement les élevages et les pouvoirs publics ont imposé le confinement des volailles dans les bâtiments d’élevage ce qui n’est pas toujours possible pour de petits éleveurs qui n’ont pas les moyens de se payer des bâtiments et alors que des appellations comme celle du poulet de Bresse impose la vie en plein air.