Collarwali est morte : l’Inde pleure la tigresse, symbole de la lutte pour la préservation de l’espèce

La tigresse s’est éteinte de vieillesse, à 16 ans, samedi 15 janvier dans la réserve du parc national de Pench et depuis les hommages se multiplient pour saluer celle qui a donné naissance à 29 petits et contribué à faire remonter la population de cette espèce en danger d’extinction.

C’est une star nationale, une « légende » écrivent même les journaux : Collarwali, la tigresse la plus célèbre du pays, icône du parc national de Pench, s’en est allée samedi, à l’âge de 16 ans. Une tigresse tellement aimée, tellement adorée qu’elle a eu droit à une cérémonie de funérailles, il faut l’imaginer étendue sur un lit de bois, recouverte d’un linceul blanc immaculé laissant dépasser sa tête entourée de fleurs oranges et roses, déposées par centaines par des anonymes venus lui dire adieu.

Un hommage qui s’explique parce que Collarwali était le symbole de la sauvegarde réussie des tigres en Inde. Lorsqu’elle est née en 2005, les félins avaient quasiment disparus. À force de chasse et de déforestation, ils sont passés de 100 000 en 1900 à 1 400 au début des années 2000. Une hécatombe. Pour la stopper, les autorités indiennes ont donc lancé dans une grande campagne de préservation.

Une cinquantaine de réserves a été créé, des caméras ont été installées partout pour recenser chaque tigre, et enfin, certains fauves ont reçus des colliers émetteurs. Collarwali, qui tient son nom « collar » de collier, a été la première à en avoir un, ce qui a permis aux soigneurs de suivre ses déplacements, sa vie et donc ses prouesses : celle que les Indiens surnomment « Supermaman » a fortement contribué à la perpétuation de l’espèce en donnant naissance à 29 petits, le tout en huit portées, un record national, voire mondial.

collarwali

Mais si Collarwali est célèbre c’est aussi parce qu’elle a su gagner les cœurs en étant la seule tigresse à ne pas fuir devant les visiteurs de la réserve. Quand un pick-up passait, elle venait sur la route, faisant le spectacle en déambulant nonchalamment, et c’est ainsi qu’elle est devenue la reine des photos souvenirs, contribuant dans la foulée à casser le fantasme du tigre méchant, tueur, attaquant sans raison.

Dans cette forêt, qui est celle qui a inspiré à Rudyard Kipling Le Livre de la jungle, Collarwali a montré que les tigres chassent pour se nourrir, pas pour décrocher des trophées. Ou comment dire que pour eux, comme pour toutes les espèces en danger, pour protéger et sauver, il faut d’abord changer de regard.