Un camouflage de crotte : voilà comment les jeunes grenouilles volantes de Wallace réduisent le risque d’être attaquées par des prédateurs.
Par Le HuffPost avec AFP
Être visible et repoussant en même temps. Une espèce de grenouilles originaire d’Asie du sud-est affiche au stade juvénile un motif coloré inhabituel, vraisemblablement dans le but de se camoufler en fiente et d’échapper aux prédateurs, a révélé ce jeudi 12 octobre le zoo de Schönbrunn à Vienne.
Une équipe de chercheurs a placé durant huit jours plusieurs figurines en cire d’amphibiens de couleurs différentes dans une volière, une expérience présentée comme « inédite ».
Elle a constaté que les pastiches imitant les jeunes individus appartenant à l’espèce de grenouilles volantes de Wallace, qui vivent au sol après la naissance, échappaient plus souvent aux attaques.
Or ces amphibiens ont durant leur jeunesse une coloration rouge vif avec de petits points blancs, ce qui les fait souvent passer pour des excréments de volatiles ou de chauve-souris.
Le taux d’attaque était réduit de moitié comparé à leurs comparses totalement rouges, résultat suggérant selon le zoo que « les points blancs camouflent un individu autrement très visible et trompent les prédateurs ».
À gauche, une grenouille Rhacophorus nigropalmatus juvénile (A) et adulte (B). À droite, des modèles en cire placés sur des feuilles de la forêt du zoo de Vienne dans le cadre de cette étude.
« Les jeunes grenouilles misent probablement sur le fait qu’elles sont certes vues, mais prises pour quelque chose de non comestible », explique dans un communiqué Susanne Stückler, de l’université de Vienne, dont l’étude vient de paraître dans la revue Behavioral Ecology and Sociobiology.
À l’âge adulte, ces grenouilles hors du commun rejoignent les cimes et se fondent alors dans la canopée en se parant d’une élégante et longiligne silhouette vert émeraude. Elles planent d’arbre en arbre jusqu’à seize mètres de distance, grâce à des peaux entre les orteils et à des appendices sur les bras et les jambes.
« Il existe peu d’exemples de modifications du camouflage » avec l’âge, estime l’étude dans sa conclusion. « Ces résultats font donc de la grenouille volante de Wallace un exemple unique de la manière dont les animaux peuvent modifier leurs défenses anti-prédateurs en vieillissant et en se déplaçant vers des environnements nouveaux ou différents ».