La combinaison de plusieurs espèces (pins, bouleaux, chênes…) augmente la biomasse et le carbone stocké tout en réduisant les attaques de ravageurs (ici à Cestas, Gironde).
R.SEGURA – BIOGECO – INRAE
47 % des peuplements en France sont considérés comme « monospécifiques » par l’Inventaire forestier national. Pourtant, le mélange d’essences apporte de nombreux bénéfices.
Une même espèce d’arbres plantée en lignes, est-ce bien raisonnable ? La question se pose depuis les tempêtes de 1999 qui ont vu 200.000 hectares de la forêt de pins landaise être détruits par les vents.
De nombreux bénéfices
47 % des peuplements en France sont considérés comme « monospécifiques » par l’Inventaire forestier national. Depuis une vingtaine d’années, le réseau scientifique Treedivnet compare la productivité des espaces en monoculture avec ceux où les essences sont mélangées. « Ici, à Cestas (Gironde), nous observons ainsi les mélanges de pins maritimes avec des bouleaux, des chênes pédonculés et des chênes verts « , expose Hervé Jactel, qui gère 12 hectares où se côtoient 256 placettes en mélange.
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Dans les Landes, comme partout ailleurs dans le monde, le match donne toujours le même résultat : la production de biomasse est supérieure de 25 % pour les mélanges, le carbone stocké par les arbres augmente de 70 % et les attaques de ravageurs diminuent de 40 à 50 %.
Un changement encore difficile
« Il y a trois sortes d’explication, note Hervé Jactel. En mélange, on peut planter plus d’arbres à l’hectare parce qu’ils occupent des hauteurs de canopée et des profondeurs de racines différentes. Ensuite, chaque espèce d’arbre aide sa voisine à fertiliser le sol. C’est le cas du bouleau avec le pin. Enfin, le mélange leurre les insectes ravageurs spécialisés dans une espèce d’arbre, qui ont ainsi plus de mal à trouver pitance. » Le mélange des essences représente donc une solution séduisante.
Sauf que la plantation d’une seule espèce en ligne reste la seule à pouvoir être exploitée industriellement. Les professionnels du bois tendent à enregistrer une première évolution en ce sens : le bocage forestier, qui consiste à planter des feuillus en bordure des alignements de résineux, est une idée qui progresse. De fait, les incendies de 2022 ont au moins montré que ces « haies » arborées ralentissaient l’avancée du feu.